Pierre nous quittait il y a bientôt un an

Admirez la grâce du cueilleur de pommes !!!!!

Ci-dessous : les textes lus lors de la cérémonie

 A papa

Il y a des êtres qui nous marquent à jamais par leur simple présence, leur simple manière d’être.
Pierre, notre père, mari, frère, oncle, cousin, voisin, ami …était un de ces hommes là. On le reconnaissait de loin à sa démarche décidée, à son air volontaire.
Qu’il ait été membre de la CUMA, conseiller municipal, cycliste du dimanche ou joueur de boules, de palets, de cartes, il y mettait toute sa vitalité et sa bonhomie. Ceux qui l’ont connu savent combien il aimait discuter, rigoler, danser, prendre du bon temps…A tel point que certains l’avaient surnommé Tralalère.
Ses proches connaissaient son incroyable gourmandise dans tous les sens du terme. Elle était à l’image de son attitude face à la vie: redoutable!
Papa ce n’était pas un gros chantier qui allait te faire peur, ni même une piste noire au ski. Ne nous disais tu pas que « tu  avais une ligne de vie qui faisait le tour de ton pouce, que ton coeur -gros comme sa- était fait pour vivre au moins jusqu’à cent ans, que nous ta femme, tes trois filles-que tu aimais tendrement mais pudiquement-tu pouvais nous porter d’une seule main ».
C’était ça toi aussi; ton côté bravache, fier à bras. Tes petits enfants t’avaient surnommé Warrior, nom d’un super héros indestructible et t’inventaient des pièges pour te prendre en défaut , en vain!
Pourtant tu nous a quittés brutalement….
Mais à bien y réfléchir ce départ sur les chapeaux de roue te ressemble, tu es parti comme tu as vécu vite, intensément, impatiemment. Partir à petit feu ne t’aurait pas convenu mais alors pas du tout.
A bien y réfléchir aussi, tu avais raison-tu adorais avoir raison-. D’une certaine manière tu es indestructible; ton air rigolard et malicieux est gravé dans notre tête, ton énergie est dans notre corps et ton amour bien ancré dans notre coeur…pour toujours!

Fabienne le 30 novembre 2011

Cher Pierre,

je m’adresse une dernière fois à toi comme si tu étais là, bien vivant. Je ne vais pas faire ton panégyrique car tu n’y croirais pas. Comme tout le monde tu avais des qualités et des défauts. Qui n’en n’a pas ? Je voudrais juste te remercier d’avoir tenu ta place d’aîné d’une fratrie de 5 dont je suis le dernier. Quand j’étais petit, je te craignais car ta force, ton assurance, ton autorité naturelle m’en imposaient. J’ai même rêvé une nuit que je risquais de me faire écraser par des chûtes de pierres qui tombaient de la voûte d’une église ! Mais ton côté quelque peu intimidant était tempéré par ton autre côté chaleureux, malicieux ou taquin. Entre l’ainé et le benjamin la partie n’était pas égale sur le plan physique et l’écart d’âge de 12 ans n’arrangeait rien. Dans nos bagarres ludiques de jeunesse, tu as toujours eu le dessus. De plus tu étais mon parrain et je te devais le respect…Quand nos parents, soucieux de ton avenir et du mien, m’ont demandé un jour, si je voulais leur succéder à la ferme du Bas-Landavran ou bien faire des études et te laisser l’exploitation, j’ai pensé que tu étais mieux armé que moi pour ce beau mais rude métier d’agriculteur. J’ai pensé que je pourrais me débrouiller autrement et que ce serait plus facile pour moi de partir faire ma vie ailleurs. Je savais pour l’avoir un peu partagé que le travail à la ferme était dur. Jai opté ce jour-là pour l’aventure en croyant choisir la facilité ; la suite m’a prouvé que non mais c’est une autre histoire…Je réalise aujourd’hui que le métier de paysan est aussi une aventure dans ce monde changeant où rien n’est jamais acquis définitivement. J’aurais beaucoup à dire sur ta vie mais pour être bref, je sais que tu as mené ta barque ou plutôt ton tracteur intelligemment et honnêtement. Je passe rapidement sur ton adresse à la chasse, et les 52 pigeons que tu as tués sur le même arbre un certain week-end : ce devait être des pigeons suicidaires ! Je te vois encore transportant des sacs de blé de 50 ou 100kgs lors des battages ou soulevant de quelques cm une charrette à l’ancienne sur ton dos. Je t’admirais et t’enviais pour cette force et cette adresse.

Mais je voudrais plutôt dire un mot des circonstances dans lesquelles j’ai appris ton décès, dimanche dernier. Ce sont des moments qui marquent. Je me trouvais à l’Abbaye de St-Jacut de la mer pour une session d’apprentissage de l’hébreu, et je devais présenter la traduction d’une phrase de la Bible tirée d’un passage du Livre des Rois, relatant l’histoire du prophète Elie qui vécut au IXème siècle av. J-C, sous le règne du roi Achab, en Israêl. Elie s’était permis de dire son fait au roi qui avait abandonné le culte du vrai Dieu pour adorer les divinités païennes, et il avait annoncé une grande sécheresse dans tout le pays, si le roi s’obstinait dans ses errements. Fuyant la colère du roi, Elie, sur l’ordre de Dieu, s’était dirigé vers le nord, hors du territoire d’Israël, jusqu’à une ville côtière du pays de Sidon, nommée Sarepta. Là, Elie rencontre aux portes de la ville, une veuve qui ramasse du bois pour faire cuire sa dernière galette de farine pour elle et son fils puis attendre la mort, en ces temps de famine…Elie lui demande à boire et à manger ! La veuve s’exécute conformément aux lois de l’hospitalité, lois sacrées dans l’Orient de l’époque. Elle donne ainsi la priorité à l’accueil de l’étranger au prix de sa vie et de celle de son fils. Elie annonce alors que « jarre de farine ne s’épuisera ni cruche d’huile ne manquera jusqu’à ce que le Seigneur ne fasse tomber la pluie ». Miracle de la foi en Dieu, Elie, la veuve, son fils et sa maisonnée mangent chaque jour à leur faim. Malheureusement le fils de la veuve tombe malade et vient à mourir. Sa mère au désespoir demande à Elie s’il est venu pour la punir de quelque faute ? Elie fait monter le corps de l’enfant dans la chambre haute et s’étend sur lui, tête contre tête, membre contre membre, en priant le Seigneur de faire revenir l’être de l’enfant et son souffle dans le corps sans vie. 3 fois de suite, Elie s’étend sur l’enfant en criant vers Dieu ! Et soudain l’enfant revit et Elie donne le fils à sa mère qui reconnaît en Elie un véritable homme de Dieu.

Vous aurez compris que ce récit de résurrection survenu à une époque où personne, en Israêl ni ailleurs, n’y croyait, m’a frappé au moment même où j’apprenais la mort de mon frère Pierre. Simple coïncidence direz-vous ? Peut-être, mais ce texte arrivait à point nommé pour rappeler que, malgré toutes les apparences contraires, la mort n’a pas le dernier mot pour qui croit en Celui qui a dit « Je suis la résurrection et la vie ! » Mon frère Pierre était de ceux-là. Il nous a montré l’exemple d’une vie droite et d’une foi sincère. Chacun sa destinée, mais si l’homme n’a pas toujours foi en Dieu, Dieu, lui, a toujours foi en l’homme. C’est ma conviction… Pierre, par ta vie et au-delà de ta mort, tu nous invites à nous montrer dignes de cette espérance.

Jean, le 29.11.11.

 

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1 réponse à Pierre nous quittait il y a bientôt un an

  1. fabienne roginski dit :

    1er novembre , nous nous sommes retrouvés à quelques uns dans le charmant cimetière de Landavran autour des tombes joliment fleuries de la famille, sous l’ombre du clocher flambant neuf et tjs aussi pointu (signe que les filles du village sont belles, comme le veut le dicton…on se demande bien pourquoi?!)…
    Vu qu’il faisait un froid de canard , nous sommes vite retrouvés autour d’un café et avons visionné ensemble les premières pages du blog…sur la tablette numérique de Geneviève (eh oui c’est devenue une vraie bloggueuse).
    Voir toutes ces images de fête et de franche rigolade nous a bien réchauffé, on n’a même pas eu besoin d’un pousse café…
    Vous trouverez aussi plein de photos de Pierre sous le bandeau d’accueil (toutes les photographies/ Pierre sous toutes les coutures)
    Fabienne and C°

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