Maman tu avais la peau la plus douce du monde, d’ailleurs tout était doux en toi ; le sourire, la voix, le prénom : Geneviève.
Tu étais la dernière née d’une famille d’agriculteurs de Dourdain. Tu as grandi, chérie par tes parents, tes 6 frères et sœurs. Devenue une belle jeune fille, tu es restée, pour notre père, à la ferme. Pourtant ton rêve aurait été d’être institutrice, alors tu t’es fixée comme mission d’éduquer tes 3 filles : Patricia, Fabienne et Laurence. Tu prenais l’affaire très au sérieux, nous faisant réciter nos leçons jusque dans l’étable, ne manquant aucun RDV avec les enseignants et nous répétant souvent « Travaillez mes filles, ayez un bon métier, soyez indépendantes ».
Auprès de notre bouillonnant papa, tu œuvrais pour transformer la ferme, la rendre plus moderne. Petit bout de femme, tu y travaillais dur, pourtant tu étais toujours pimpante et ta petite troupe aussi. Osant porter le pantalon à une époque où cela ne se faisait pas, étant parmi les premières femmes élues au conseil municipal, tu étais belle et moderne. On nous prenait souvent pour 4 sœurs tant tu paraissais jeune et dans le vent. Papa et nous, tes filles étions très fiers de toi. Des fois, tu nous surprenais même par ton audace. Tes camarades de jeux de cartes se souviennent de tes prises de main périlleuses, tes proches de ton goût étonnant pour les machines à sous. Quand tu jouais, tu oubliais tout, tes peurs, tes soucis. Tu retrouvais un peu de ton insouciance que les responsabilités t’avaient enlevée.
Mais ce qui te caractérisait le mieux, c’était ton immense capacité à aimer les autres jusqu’à t’oublier. Après la disparition de papa, tu as reçu beaucoup de marques d’affection de la part d’amis, voisins, parents. Tu les accueillais dès le matin, parfois en robe de chambre, autour d’un café. Nous, tes filles te taquinions en disant que tu étais un peu comme le roi soleil avec sa cour. Même au cœur de ta longue maladie tu as continué à recevoir avec le sourire, sans jamais te plaindre.
Aujourd’hui maman, Geneviève, nous voulons te dire combien nous avons eu de chance de te connaître, d’être aimés par toi. Ta présence lumineuse et chaleureuse nous a nourris. Ton départ n’y changera rien. Tu es avec nous, en nous pour toujours.
Fabienne
